SANS CES ÉCRANS DE FUMÉE...

Parfois il y a une certaine mélancolie qui m'envahit quand je regarde le monde tel qu'il est aujourd'hui. Il m'est difficile de me reconnaître dans ce que j'y vois. La virtualité l'emporte souvent sur la réalité. Il y a tant d'informations qui se déversent sur nos écrans, tant d'images, tant de mots tout droit sortis d'une intelligence artificielle dénuée de souffle, celui de l'âme, créant une uniformisation de la pensée. Tout se ressemble.

Et puis, à peine vu, tout cela tombe dans le néant, le vide sidéral qui se creuse petit à petit dans l'esprit collectif. Ce n'est pas un jugement, juste une constatation qui peut parfois faire froid ans le dos. Pour ma part, cela me glace.

Parce que ce n'est pas le monde que je souhaite.

D'une idée que j'ai trouvé lumineuse il y a quelques années, celles de pouvoir partager avec les autres, malgré parfois la distance géographique, j'ai vu grossir au fil des années les dérives de ce système.

Je m'en éloigne donc de temps en temps mais en bon petit soldat de lumière, je garde tout de même l'espoir, que peut être, avec la poignée de personnes authentiques qui ne diffusent que la lumière de leur coeur et de leur âme, cela fera la contrebalance. Que d'être présent.e sur ces chemins virtuels en restant authentique et vrai contribue un peu à un monde meilleur. Je veux y croire.

Mais je veux aussi continuer à croire en un monde où l'on se rencontre, où les émotions se partagent non pas avec des smileys mais avec les yeux remplis de larmes, les rires à gorges déployées, avec cette énergie du vivant qui nous étreint et nous anime. Un monde où l'on continue de serrer dans les bras celui que l'on aime, celui que l'on soutient, celui à qui l'on croit. Un monde où la valeur et la qualité d'une personne ne se compte pas en "followers". Un monde où la poésie, les mots ne sortent pas tout droit d'une machine froide et sans vie, mais d'un esprit bien vivant. Un monde où l'on prend le temps de réflexion, celui de laisser émerger notre part poétique, le temps de se connecter aux merveilleux, à l'enchantement, le temps de se rencontrer, d'échanger, d'accueillir le battement de coeur du monde. Un monde où il est encore possible de montrer sa fragilité, son imperfection, ses failles et ses aspérités. Un monde où les visages ne se cachent pas sous des filtres mais rayonnent de beauté et de vérité.

Un monde où l'empreinte de nos souvenirs ne restera pas sur un fil d'actualité mais s'inscrira profondément dans notre chair et notre cœur.

Un monde où l'on s'octroie des moments intimes. Des moments à soi. Des moments authentiques. Sans ces écrans de fumée comme barrière entre l'âme et le monde.

Delphine

©Le murmure des Anges - Delphine Nolin